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Ouverture à la concurrence du réseau de bus RATP : les (gros) mensonges d’Anne Hidaldo

Dans cette tribuneAnne Hidalgo et certains de ses collègues de gauche veulent revenir sur l’ouverture à la concurrence du réseau de bus parisien RATP Dev . Les arguments avancés, souvent inutilement alarmistes voire mensongers, méritent quelques explications…

1. Dès le titre, le mot est lâché :

« Privatisation ! »

Ce n’est pas une privatisation puisque l’autorité organisatrice, à savoir Île-de-France Mobilités, un établissement 100 % public, reste l’unique donneur d’ordre ! La seule chose qui change, c’est qu’il met en concurrence différents opérateurs dans le cadre de délégations de service public (DSP).

2. « Elle [La RATP] serait remplacée à cette date par 13 opérateurs privés« 

Cette formulation volontairement alarmiste est totalement irréaliste. On le sait, le nombre d’opérateurs capable de poser une candidature pour ces DSP se compte sur les doigts d’une main, l’un des principaux étant d’ailleurs la #RATP via sa filiale Cap IdF.

Aucune chance d’avoir 13 opérateurs différents sur le réseau parisien !

3. « [IDFM et] l‘État n’ont pas pris les dispositions opérationnelles, sociales et financières indispensables avant ce grand saut vers l’inconnu« 

C’est tout l’objet de la proposition de loi que j’ai eu l’honneur de rapporter la semaine dernière à l’Assemblée et que la gauche n’a pas votée :

– Assurer un meilleur cadre social pour les salariés qui changeront d’employeurs ;

– Permettre à Île-de-France Mobilités de se doter de nouvelles compétences ;

– Echelonner l’ouverture des lots pour justement éviter un grand soir !

4. « démissions par centaines de conductrices et conducteurs de bus chaque trimestre à la RATP, manque de main-d’œuvre pour la conduite et la maintenance« 

Madame Hidalgo devrait consulter la RATP avant d’écrire n’importe quoi. La Régie est en passe d’atteindre son objectif annuel de recrutement (6600 agents dont 2300 chauffeurs). Après les tumultes de la crise sanitaire, le métier est de nouveau attractif.

5. « salariat […] dont les garanties salariales ne sont pas assurées« 

C’est faux !

Le maintien de la rémunération, y compris du 13e mois, est garanti. Le maintien des avantages du statut RATP pour ceux qui en bénéficient, notamment pour la retraite, est garanti. De plus, le nouveau cadre social territorialisé est plus avantageux puisqu’il limitera l’amplitude de travail à 11h contre 13 aujourd’hui.

6. « Une privatisation des profits« 

Là encore, on cherche à faire peur inutilement, dans un sommet de mauvaise foi que ne renieraient pas les troupes mélenchonistes. Pour clarifier, on va revenir sur la structure actionnariale des principaux candidats envisagés :

– RATP Cap Île-de-France : filiale de la RATP, détenue à 100 % par l’Etat.

– Transdev : détenue à 66% par la Caisse des Dépôts.

– Keolis.MHI : détenue à 70% par la SNCF. On a connu des actionnaires plus avides de profits… Et pour rappel, le seul et unique donneur d’ordre reste IDFM, entité 100% publique !

7. « Il est possible, à droit constant, de conserver la RATP pour l’exploitation des transports en Île-de-France.« 

C’est vrai, le droit européen le permet si la RATP ferme ses filiales à l’étranger et cesse d’exporter le savoir-faire français partout en Europe. Le choix retenu aujourd’hui, et Madame Hidalgo se garde bien de le rappeler, il date de 2009 avec la loi ORTF, mais surtout de 2013, dans le cadre d’un accord avec la Commission européenne négocié par un Gouvernement de gauche, alors même que la Région Ile-de-France était dirigée par… La gauche ! Aucun souvenir d’avoir vu Madame Hidalgo et ses amis s’en offusquer à l’époque.

8. « nos habitants exigent le retour d’un service de qualité, il y a urgence à agir.« 

Nous sommes totalement d’accord ! Pour cela, j’invite Madame Hidalgo à :

– Ajuster la ridicule contribution financière de la Ville de Paris à IDFM à la hauteur des bénéfices qu’elle tire du réseau, alors que près de 60% des déplacements en transports en commun franciliens ont lieu dans Paris ou ont pour départ ou arrivée Paris.

– Cesser de mettre en place des aménagements urbains qui entravent la circulation des bus ;

– Mieux faire respecter la sanctuarisation des voies de bus en dotant la police municipale d’effectifs suffisants ;

– Mieux gérer la multiplication des chantiers dans Paris et s’assurer du respect des délais de remise en état des voiries ;

– Plus globalement, cesser d’organiser la thrombose de la circulation à Paris… En conclusion, l’Etat est en train de fixer un cadre optimal pour un bon déroulement de l’ouverture à la concurrence du réseau de bus parisien.

J’attends le même niveau de responsabilité d’IDFM, seul compétent in fine sur le sujet, alors même que certaines zones d’ombre perdurent, sur l’avenir de la régulation du trafic notamment.

J’attends surtout de la Maire de la capitale qu’elle fasse preuve de cohérence avec les décisions prises par ses amis il y a 10 ans et qu’elle cesse enfin de faire de la petite politique sur le dos des usagers du bus !

Quitter Twitter parce qu’y sont relayées trop de fausses informations, pourquoi pas… S’attacher à ne pas en répandre soi-même, c’est encore mieux !

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